Il testo della Fille d'ouvriers

Hèlène Delavault

pochette album Fille d'ouvriers
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sonnerie téléphone portable pour Fille d'ouvriers

Pâle ou vermeille, brune ou blonde,
Bébé mignon
Dans les larmes, ça vient au monde,
Chair à guignon
Ébouriffé, suçant son pouce,
Jamais lavé,
Comme un vrai champignon, ça pousse
Chair à pavé !

À quinze ans ça rentre à l'usine ;
Sans éventail,
Du matin au soir ça turbine,
Chair à travail
Fleur des fortifs, ça s'étiole
Quand c'est girond
Dans un guet-apens, ça se viole,
Chair à patron.

Jusque dans la moelle pourrie,
Rien sous la dent,
Alors, ça rentre "en brasserie",
Chair à client
Ça tomb' encore : de chute en chute,
Honteuse un soir,
Pour deux francs, ça fait la culbute,
Chair à trottoir.

Ça vieillit et plus bas ça glisse…
Un beau matin,
Ça va s'inscrire à la police,
Chair à roussin ;
Ou bien, "sans carte", ça travaille
Dans sa maison ;
Alors, ça se fout sur la paille,
Chair à prison.

D'un mal lent, souffrant le supplice,
Vieux et tremblant,
Ça va geindre dans un hospice,
Chair à savant.
Enfin, ayant vidé la coupe,
Bu tout le fiel,
Quand s'est crevé, ça se découpe
Chair à scalpel.

Patrons ! tas d'héliogabales,
D'effroi saisis
Quand vous tomberez sous nos balles,
Chair à fusils,
Pour que chaque chien sur vos trognes
Pisse, à l'écart,
Nous leur laisserons vos charognes,
Chair à macquart !